Sous quel étendard nous rangeons nous ?

Nous vivons dans une société où le libre choix de l’individu a valeur de nouveau sacré. C’est l’étendard sous lequel nous nous rangeons. Le moi se veut libre. Je suis libre de choisir ma spiritualité, mon orientation et mon identité sexuelle. Je suis libre de m’exprimer sur les réseaux sociaux, quelle que soit la forme – et la violence – de mon expression. Et si ma liberté est sacrée, pourquoi devrai-je lui fixer des limites ? D’ailleurs, la liberté n’est-elle pas justement l’absence de limites ?
Quelle réponse l’Évangile apporte-t-il à ces questions ? Et qu’en dit l’apôtre Pierre dans sa première épître, adressée aux chrétiens de son temps, persécutés, étrangers et dispersés dans un monde hostile ?
Le mot grec Evangelion désigne la Bonne Nouvelle annoncée lors de l’intronisation d’un nouveau roi. Des messagers étaient alors envoyés aux quatre coins du royaume pour annoncer ce nouveau règne… et sa conséquence. Je dois allégeance à une nouvelle couronne. Et je ne peux donc plus faire ce que je veux.
L’Évangile de Jésus-Christ me transporte du Royaume du Péché et du Moi souverain vers le Royaume du Christ, qui me demande une allégeance radicale à une nouvelle couronne : la sienne. Maintenant, la question se pose. Sous quel étendard vais-je me ranger ? Celui du Moi souverain ou celui du Christ ? Et quelle sera l’incidence d’un tel choix sur ma vie ? Envisageons ces deux allégeances et leurs conséquences.

1. Me ranger sous l’étendard du Moi souverain

L’apôtre Pierre nous exhorte et nous avertit : comportez-vous « comme des hommes libres, sans faire de la liberté un voile qui couvre la méchanceté, mais comme des serviteurs de Dieu » (2.16). La véritable liberté, selon l’apôtre Pierre, c’est donc une liberté à l’égard de notre ancien maître : la méchanceté, l’égocentrisme, le péché. Ce n’est donc pas être libéré de toute contrainte ! Au contraire, la liberté en Christ nous pousse à devenir « serviteurs de Dieu » en faisant le bien (2.15).
Faire de ma liberté personnelle l’étendard ultime sous lequel je me range, c’est risqué ! Car alors, rien d’autre ne compte que ma liberté personnelle. Je risque de rater la cible, de manquer le but divin que Dieu a donné à ma vie : glorifier mon roi, le roi-serviteur, Christ. Voici quelques-un des écueils d’une vie placée sous l’étendard du Moi Souverain :

  • Par liberté personnelle, je ferai ce que je voudrai, et pas autre chose. Et peut-être que je m’abstiendrai même de faire le bien. Je me permettrai donc d’être indifférent aux besoins et souffrances de ceux qui m’entourent. Je deviendrai insensible, endormi dans mon confort égoïste. Est-ce là une vie soumise au règne du Christ qui souffrit pour nous, nourrit les foules, guérit les malades, et vint à notre rencontre pour nous servir et nous sauver (Philippiens 2.5-11) ?
  • Par liberté personnelle, peut-être que je trouverai même tous les moyens de ne pas payer mes taxes, qui pourtant servent – quand elles sont bien utilisées – au bien commun. Est-ce là une vie qui manifeste l’obéissance du Christ ? En effet, Jésus paya l’impôt pour le Temple (Matthieu 17.24-27) et exhorta les juifs à payer l’impôt à César (Matthieu 22.21). De plus, il fut obéissant à son Père jusqu’à la mort sur la Croix (Philippiens 2.8).
  • Par liberté personnelle, je me permettrai de dire tout et n’importe quoi sur les réseaux sociaux, même si cela blesse profondément les gens, et que je le sais… Parce que après tout, je suis « libre » de dire tout ce que je veux. Est-ce là une vie libérée du mal ? Est-ce là une vie qui manifeste le règne de Paix de celui qui est doux et humble de cœur (Matthieu 11.29) ? On peut, à raison, en douter !

Si je veux suivre Jésus, porter son fardeau qui est bon et utile, et me mettre à son école (Matthieu 11.29-30), me ranger sous l’étendard du Moi souverain n’est pas une option. En effet, cela me conduirait à faire de ma liberté un voile qui couvre ma méchanceté. Alors que selon Jésus, un homme vraiment libre est un serviteur de Dieu qui fait le bien.

2. Me ranger sous l’étendard de Christ, le roi serviteur, pour faire le bien et glorifier Dieu

« Faisons tout à cause du Christ », c’est l’exhortation centrale de l’apôtre Pierre dans son épître. Voilà ce qui doit motiver toute notre éthique publique. Voilà ce qui doit être la démonstration publique de notre foi : « à cause du Seigneur » (2.13). Voilà comment vivre dans ce monde. Voilà comment nous pourrons porter l’image du Seigneur dans tous les domaines de notre vie, et pas simplement le dimanche matin ! Parler du « Seigneur » et de la cause du Seigneur, c’est parler de l’allégeance radicale que nous lui portons. Mais qu’implique cette allégeance ?
Tout d’abord, il s’agit du Seigneur Jésus-Christ. Et Jésus est l’image même de Dieu, son empreinte. Il doit être reflété par tout ce que nous sommes, et nous aussi, nous sommes son empreinte dans ce monde. Nous devons donc manifester, représenter Christ aux yeux de nos contemporains. C’est lui en qui nous devons demeurer. C’est lui qui doit habiter notre vie, nos motivations, et toutes nos actions.
Quand lui devons nous allégeance ? C’est en tout temps. Il ne s’agit pas seulement de suivre Jésus, de faire toute chose à cause de lui, simplement quand il nous en prend l’envie, simplement quand cela nous arrange ou que ce n’est pas trop difficile ! Il s’agit d’une allégeance radicale au Seigneur Jésus-Christ, à cause de qui nous faisons TOUTE chose, dira Pierre.
Quels sont les domaines de notre vie qui sont concernés par cet allégeance à la couronne du Christ ? Tous ! Nous lui soumettons tous les domaines de notre vie. Quelle que soit notre occupation, notre situation économique ou familiale, nous faisons tout à cause de Jésus-Christ, car c’est vers lui que nous dirigeons nos regards : Il est la source de tout ce que nous avons, il est celui qui dirige nos pas, il est la source de notre être et de notre foi.
Si nous sommes les sujets de Jésus, et qu’il est notre roi, nous voulons aussi lui rendre gloire en toute chose. C’est donc à lui que nous voulons tout rendre. « C’est la volonté de Dieu qu’en faisant le bien vous réduisiez au silence l’ignorance des insensés » (2.15), nous dit Pierre. Vous voyez que là, « faire le bien » n’est pas simplement dirigé vers celui qui reçoit notre bonne action, notre attitude généreuse, notre attitude d’encouragement ou d’aide. Faire le bien, c’est la volonté de Dieu à cause du Seigneur. Parce que Dieu a été bon pour nous, en nous sauvant alors que nous étions encore ses ennemis, nous aussi, nous faisons le bien. Et ce bien glorifie Dieu. Ce bien est un outil apologétique. C’est ce bien qui va démontre la vérité et la réalité de notre foi. Jésus est ressuscité. Amen Alléluia ! Comment le savons nous ? Parce que les chrétiens font du bien autour d’eux ! Et c’est en faisant le bien que nous réduirons au néant l’accusation et les critiques de ceux qui nous disent, par exemple,

  • que les chrétiens sont de mauvais citoyens, qu’ils se plaignent tout le temps de leurs hommes politiques sans jamais prier pour eux, et sans avoir jamais la moindre choses positive à dire, ou
  • que les chrétiens sont simplement occupés de leurs propres églises et qu’ils ne contribuent aucunement au bien commun, au bien social.

Conclusion

Nous avons été rachetés de l’esclavage du péché. Nous ne sommes donc plus des sujets du Royaume du Moi-souverain, mais des sujets du Roi-serviteur. Nous voulons donc tout faire comme serviteurs de Dieu. Nous ne recherchons pas notre bien à nous-mêmes. Nous ne faisons pas uniquement le bien quand cela nous arrange, mais nous le faisons comme serviteurs de Christ. Lui qui s’est fait esclave de tous, lui qui est venu pour nous servir, lui qui s’est mis à notre échelle, lui qui est venu vers nous, par humilité – pour servir et non pour être servi. Il est venu comme serviteur, et c’est ce que nous devons être aussi, à son image. Je dois donc avoir le souci du bien de l’autre. Et ainsi, ma liberté individuelle sera pondérée par l’amour et la compassion que je lui porte. Ce n’est plus à moi que je regarderai en premier, mais ce sera à l’autre. Et c’est cela la Règle de la vie chrétienne… La règle qui doit motiver toutes nos actions, et en particulier nos actions civiles.
Il appartient donc à chacun d’entre nous, de trouver, autour de nous, comment mettre en œuvre ce bien que nous voulons encourager. La liste pourrait être longue, mais les occasions de faire le bien ne manquent pas, si on essaye seulement de le voir. Comment démontrer, en pratique, ce bien à l’extérieur de la sphère de l’église ? Cela pourrait être, par exemple, pour vous :

  • participer aux réunions de vos conseils municipaux. Ces réunions sont ouvertes au public, et c’est une marque d’intérêt que d’y participer : on peut être là aussi pour encourager l’un ou l’autre des conseillers… Imaginez le conseiller qui est chrétien et qui ne sait pas que peut-être, d’autres s’intéressent à ce qu’il fait. Et même s’il n’est pas chrétien, il a aussi – par grâce commune – le souci du bien de sa ville ou de son village. Et il a besoin d’être encouragé !
  • participer aux activités et urgences de solidarité que les villes vont mettre en place, en particulier pendant l’hiver, ou pour l’accueil de réfugiés.

Pour finir, posons-nous ces quelques questions :

  • Est-ce que je vis ma vie sous l’étendard du moi souverain, où sous celui du roi-serviteur : Jésus-Christ ?
  • Suis-je conscient que Jésus est mon roi, et de l’allégeance que je lui dois ? Ou est-ce que je pense encore que je peux servir deux maîtres sans que l’un d’eux soit trompé ?
  • Ai-je soumis tous les domaine de ma vie au Christ ? Est-ce que je lui suis soumis en tout temps, même quand c’est difficile ? Ou est-ce que je lui résiste encore, dans certains domaines, dans certains circonstances ?
  • Est-ce que mon but suprême est de rendre gloire et honneur à celui qui a renoncé à sa liberté personnelle pour me servir ?
  • Est-ce que ma vie, le bien que je fais, réduit au silence les accusations et les critiques de ceux qui ne connaissent pas Dieu ?
  • Est-ce qu’ensemble, en église, nous faisons connaître notre Seigneur en faisant le bien ?

En faisant le bien à cause du Seigneur, faisons de nos vies un témoignage à la gloire de celui qui nous a transporté de l’esclavage du royaume du moi vers la liberté de son Royaume de paix.

Article écrit par Aurélien Bloch, d’après une session Tous Témoins de Yannick Imbert

Cet article a été écrit par Aurélien

Aurélien est évangéliste-formateur. Il est membre de l'équipe de la plateforme TousTémoins.com

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