En tant que disciple et témoin de Jésus, vous allez être amené à dire à votre voisin : « tu as besoin de Dieu pour que ta vie change ». Alors, il va regarder votre vie ; il va regarder la sienne ; et il dira : « Mais çà change quoi ? on a la même vie » ! C’est le risque du confort d’une vie dans un monde sécularisé : une vie qui ne fait plus la différence. Et pourtant, notre Dieu nous a dit : « Vous serez saints car je suis saint ». Notre vocation de disciple et de témoin est un appel à la sainteté, c’est-à-dire un appel à vivre une vie différente, une vie qui a de la saveur. Et Jésus, lui aussi nous dit : « Ayez de la saveur ! » ; « C’est vous qui êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi le salera-t-on ? Il n’est plus bon qu’à être jeté dehors et foulé aux pieds par les hommes » (Matthieu 5.13).
Voici 3 conseils pour vivre une vie qui fait la différence :
1. Renoncer à un regard rétrograde, tourné vers l’arrière
Faites attention à la nostalgie de l’Égypte ! Au cours de leur long séjour en Égypte, les hébreux avaient appris à vivre comme le peuple égyptien. Il avaient adopté sa vision du monde, ses coutumes… Et dans le désert, ils ont ressenti une forte nostalgie du confort qu’ils avaient connu – nostalgie des concombres et des marmites de viande (Nombres 11.5, Exode 16.3). Ils allèrent même jusqu’à oublier leur dure servitude et à murmurer contre Dieu. Malgré tout ce qu’ils avaient vécu, faire confiance à Dieu leur était difficile, parce que leur ancienne façon de vivre avait créé, en eux, une forme de conditionnement. Malgré leur sortie de captivité, leur esprit était encore captif. Captif de leurs anciennes habitudes, de leur ancienne manière de vivre. Malgré ce Dieu qui s’était révélé à eux, il y avait cette tentation : retourner à leurs anciennes habitudes de vie, qui étaient finalement plus confortables parce qu’alors, ils étaient en terrain connu – et pas en terre inconnue.
En d’autres mots, ce qui définit notre mode de vie, ce n’est pas seulement notre bonne théologie, droite, orthodoxe… Ce n’est pas seulement nos grandes valeurs et idéaux. Mais ce sont nos anciens réflexes et habitudes, qui ont la vie dure. L’Égypte, qu’est-ce que cela représente donc pour nous ? L’Égypte, c’est l’esclavage du péché, mais aussi du confort. Et la nostalgie de l’Égypte, c’est l’esclavage de nos anciennes habitudes, charnelles. C’est notre propension toute humaine, idolâtre, à construire notre bonheur sans Dieu, et à prendre le contrôle de notre vie, en oubliant de placer notre foi en Lui. Un mot pour dire ce que la nostalgie de l’Égypte représente pour nous : sécularisme. Le sécularisme, c’est cette idée qu’on peut trouver notre épanouissement, ou les réponses à nos questions et problèmes sans suivre Dieu.
Dans notre contexte, vivre selon la foi chrétienne, c’est simplement un possible parmi d’autres. Et en plus, cette condition de vie est minoritaire. Pour les gens qui nous entourent, cette vie là ne vaut pas mieux qu’une autre. Il y a donc une pression sociale. Et quand on se sent minoritaire dans sa façon de vivre, oser dire que nous vivons différemment à cause de notre foi, c’est inconfortable ! Alors que c’est tellement confortable de vivre, quand tu es en Égypte, comme un égyptien, et quand tu es en France, comme un français… Un français qui vit sans Dieu, et construit son bonheur sans lui.
Nous ne sommes peut-être pas persécutés à cause de notre foi comme les lecteurs de la première lettre de Pierre. Cependant, dans nos vies aussi, l’opposition peut créer ce même désir de retourner à ce « terrain connu ». Quand c’est trop dur, quand le coût est trop élevé, on recherche la facilité. Et quand le confort est trop grand, on veut échapper au coût.
2. Choisir de vivre avec la fin en ligne de mire
Au lieu d’être des chrétiens rétrogrades, et de tourner nos regard vers le passé, captifs de notre ancien mode de vie, fixons nos regards sur notre destination ! Lorsque l’on participe à une course, on oublie ce qui est en arrière, et on tend vers ce qui est en avant. On est tendu vers la ligne d’arrivée, et malgré la douleur de l’effort, on persévère.
Christ revient ! Et nous rendrons des comptes quant à la façon dont nous aurons vécus notre voyage sur la terre. Cette terre où nous ne sommes que des étrangers et des invités de passage (Hébreux 11.13-13) ! Les choses de la vie ne sont pas forcément mauvaises en elles-mêmes. Mais c’est la place qu’elles vont occuper dans notre façon de vivre, nos aspirations, nos cœurs, qui peut l’être. Il y a danger lorsque le confort dont nous jouissons n’est pas mis au service de notre vocation. Et notre vocation, c’est d’être des témoins, des ambassadeurs de Christ. C’est de vivre vraiment, maintenant pour le Dieu qui nous a sauvé.
3. Mettez une ceinture à votre pensée
Pierre nous dit « ceignez les reins de votre entendement ». Mais que veut dire cette expression ? A l’époque, les gens portaient de longues tuniques. Et pour ne pas se prendre les pieds dans les pans de leur vêtement, ils portaient une ceinture. On nouait la ceinture quand on allait au travail dans les champs, au combat, ou lorsque l’on courait. Voici donc ce que Pierre nous dit : « mettez une ceinture autour de votre cerveau, de votre réflexion. Ne vous laissez pas aller, ne laissez pas libre cours à votre pensée, à votre façon de voir le monde et du coup, de vivre dans le monde ! Tenez votre intelligence en éveil. Ne vous laissez pas endormir. Soyez prêts. Réveillez-vous. Ouvrez les yeux. »
A cause de l’espérance qui est la notre, et face aux défis quotidiens pour vivre dans l’intégrité, il faut se revêtir de cette ceinture spirituelle. Soyons conscients qu’il y a un vrai combat qui se joue dans nos pensées, notre vision du monde et notre comportement. Sinon, on va se laisser emporter. Pourquoi ? parce que l’opposition crée une pression qui peut nous pousser à adopter, finalement, un style de vie qui n’est pas conforme à notre espérance.
Pensez au film Matrix ! Il ne faut pas se laisser séduire par la matrice de ce monde. Les choses qui peuvent sembler séduisantes sont souvent mauvaises. Et nous avons été rachetés de ces choses là. Nous ne devons pas nous laisser séduire par les convoitises que nous avions autrefois quand nous étions dans l’ignorance. Ce n’est plus le temps de l’ignorance. L’Évangile nous a été révélé. Il a été reçu par la foi, et il doit maintenant nous conduire. Il est notre boussole et il guide notre façon de vivre dans ce monde.
Pierre, qui écrit à des chrétiens dans un contexte d’opposition ne leur fait pas justes des câlins. Il ne leur dit pas juste : « Ah ! Mes pauvres ! C’est dur ! Attendez l’espérance. Tenez bon… » Non ! Il leur dit : « Serrez la ceinture ! Serrez là, car çà va être dur, et il faut que votre manière de vivre reflète votre espérance ». Et c’est finalement notre manière de vivre dans la souffrance qui sera le témoignage le plus puissant de la réalité de notre espérance chrétienne.
Pour finir, posons-nous ces quelques questions. Elles nous aideront à serrer la ceinture de notre pensée :
- Suis-je nostalgique de « l’Égypte », c’est-à-dire de ma vie sans Dieu ?
- Est-ce que le confort de ce monde « sans Dieu » a influencé ma façon de vivre ?
- Est-ce que j’attends vraiment que Jésus-Christ apparaisse ? Est-ce que ce sera vraiment une bonne nouvelle qu’il vienne ? Ou est-ce que j’ai envie qu’il délaie un peu sa venue, parce que finalement, je me sens bien comme je vis ?
- Quel est pour moi, aujourd’hui, le coût à payer pour vivre en accord avec mon appel en Jésus ?
- Comment mon intégrité se manifeste-t-elle dans mes choix de vie quotidiens, grands ou petits ?
- Comment répondrais-je à cette question, si un voisin me la pose : « Si tu as la foi, qu’est-ce que çà change par rapport à moi, au quotidien, dans ta manière de vivre » ?
Dieu nous dit, par la bouche de Pierre : « Devenez saints dans toute votre conduite ». Et Jésus, lui aussi, nous appelle à être lumière et sel, et à vivre une vie pleine de saveur, une vie qui fait la différence ! Relevons ce défi, en comptant sur la grâce de celui qui nous a appelés des ténèbres à son admirable lumière !
Raphaël Charrier et Matthieu Giralt, édité par Aurélien Bloch