Exercer notre liberté en Christ sur notre lieu de travail

Une chose est sûre : dans notre vie personnelle, à la maison, tout seul devant notre miroir de salle de bain, nous n’avons aucun problème à vivre nos convictions, nos choix, notre liberté. Maintenant, quand on se rend sur le lieu de travail, nous avons un patron auquel nous devons soumission, et des collègues de travail pas toujours faciles à vivre. Quand on est dans une entreprise, elle a ses règles, elle est sur un marché, et là notre zone d’influence, notre liberté, nos options sont quand même beaucoup plus réduites.
Sur notre lieu de travail, quelle liberté nous reste-t-il alors ? Comment y exercer notre liberté dans la crainte de Dieu, et pour la gloire du Christ ? Comment vivre la soumission à notre patron sans compromettre notre foi et nos valeurs chrétiennes ?
L’apôtre Pierre répond, indirectement, à toutes ces questions. En s’adressant aux esclaves quant à la façon dont ils doivent servir leur maître, Pierre nous apporte des principes intemporels, toujours valables au 21ème siècle, dans le monde du travail.

1. Agissons comme une personne à part entière

Pour Aristote, dans son éthique à Nicomaque (300 av JC), « L’esclave est un outil vivant ; et l’outil est un esclave sans vie ». Au premier siècle, dans la structure sociale de l’empire romain, la situation des esclaves s’est bien améliorée. Cependant, , un présupposé demeure : un serviteur n’est pas un citoyen à part entière. Sur le plan légal, l’esclave n’existe pas. Aucune personnalité, aucune liberté : comme le râteau, il est la propriété de son maître. Même ses descendants demeurent la propriété du maître qui peut faire ce qu’il veut de ses esclaves.
Sur cette situation, Pierre pose un regard radicalement contre culturel ! En effet, il va directement s’adresser aux serviteurs. Est-ce qu’on parle à une table, à une chaise, ou à un lave-vaisselle ? Non ! Mais Pierre va s’adresser aux serviteurs. Il va les considérer comme des personnes à part entière. Bien plus, dans cette série d’appels qu’il va lancer à différentes personnes de la société (1 Pierre 2.11ss), il va commencer par les serviteurs, pour les rétablir dans une position d’honneur. Et l’apôtre va même encore plus loin, puisqu’il va leur dire : « vous êtes des personnes, et même des personnes libres ! Et vous êtes appelées à exercer votre liberté. »
Jésus a dit à ses disciples qui étaient pourtant également ses serviteurs : « Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître. Je vous ai appelé amis, parce que tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître » (Jean 15.15). Les humains qu’il a rachetés, Jésus fait d’eux ses collaborateurs (1 Corinthiens 2.9). Et la dignité nouvelle qu’il leur offre au-delà du rang et du statut social de la personne. C’est ce que dit également l’apôtre Paul : « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme, car vous tous, vous êtes un en Christ-Jésus » (Galates 3.28).

Aujourd’hui, notre société ne considère plus l’être humain comme un objet. Cependant, le discours économique et les pratiques de management peuvent néanmoins, parfois le réifier, et le ravaler au simple rang de chose, de « main d’œuvre », ou de « force de travail ». Mais la Bible, elle, nous invite à agir « par motif de conscience envers Dieu » (v19), c’est à dire en étant conscient de notre dignité nouvelle. Et cette conscience de notre statut nouveau en Christ nous amène à exercer notre conscience, notre sens moral, notre responsabilité.

Sur notre lieu de travail agissons donc comme personne à part entière, et pas comme un esclave des hommes, ou comme une simple main d’œuvre sans personnalité. Mais réalisons tout de même que l’appel à la liberté que Pierre adresse aux serviteurs, est d’abord un appel à la soumission. Et cette soumission peut passer par des souffrances injustes ! Voici ce que dit Pierre : « Serviteurs, soyez, en toute crainte, soumis à vos maîtres, non seulement à ceux qui sont bons et doux, mais aussi à ceux qui sont difficiles, car c’est une grâce que de supporter des peines, par motif de conscience envers Dieu quand on souffre injustement. » (1 Pierre 2.28-29)

Mais quelles sont les limites bibliques de la soumission à nos maîtres humains, en particulier sur notre lieu de travail ? Être soumis, est-ce que cela signifie devenir le paillasson de notre patron, et faire tout ce qu’ils nous demandent de façon aveugle ? Certes non !

2. Exerçons notre liberté, en gardant les yeux fixés sur Jésus qui souffert injustement

Faisons preuve d’un peu d’imagination : si nous exerçons notre liberté de choix face à un patron difficile ou peu scrupuleux, il se peut que nous ayons le devoir de lui résister, de refuser de lui obéir. Et nous lui résistons parce qu’il nous demande de faire quelque chose au black, et qu’on est comptable… ou parce qu’il nous demande de mal noter quelqu’un qu’il n’aime pas. Si on refuse, que va-t-il se passer ?
Et que va-t-il se passer, vis à vis des collègues, si par motif de conscience envers Dieu, on refuse de suivre le mouvement ? Que ce soit en paroles par rapport à quelqu’un qui est moqué, ou que ce soit en actions, par rapport à quelqu’un qui est laissé de côté ? A quoi devons nous nous attendre ?
Ou encore, si nous estimons que, en tant que personne à part entière, toutes les conditions de travail ne sont pas forcément admissibles, et que l’on prend position, et que l’on a le courage de dire non. A quoi faut-il s’attendre ?
« Soumettez-vous avec le plus grand respect à vos maîtres », nous exhorte Pierre… Il va s’agir, TOUT EN RÉSISTANT, de garder l’obéissance, le respect, de refuser de répliquer à qui nous attaque et se moque de nous, de ne pas menacer. Tenons ferme, car nous sommes alors sur un terrain où la souffrance va s’inviter sur notre lieu de travail. Si nous exerçons notre liberté de choix et qu’elle nous conduit à aller contre l’autorité, et à nager à contre-courant, ce sera peut-être pour nous, la mise au placard, une promotion qui nous sera refusée, ou encore une mise au banc : les collègues ne nous invitent pas, ou pire : il ne vous parlent plus. Mais pour Pierre, cette souffrance au travail, par intégrité, peut faire partie de notre vocation chrétienne, comme un écho à l’appel de Jésus à porter sa croix et à le suivre :
« Soumettez-vous avec le plus grand respect à vos maîtres, non seulement à ceux qui font preuve de bonté et de douceur, mais aussi à ceux qui ont l’esprit pervers, car c’est une grâce de supporter des difficultés en souffrant injustement pour garder bonne conscience devant Dieu. » (1 Pierre 2.18-19)
Alors, cette souffrance, c’est sûr que l’on ne va pas courir après, la rechercher, mais dans notre position de « dispersés », et d’ « étrangers » sur notre lieu de travail, il faut regarder la réalité de cette Babylone professionnelle en face, et accepter qu’elle puisse être un lieu de souffrance. Notre lieu de travail est un lieu où par rapport à notre appel, notre vocation, et notre marche d’étranger, il y aura une tension, et des difficultés. Il faudra y faire face, sans fatalisme, mais en se rappelant que Christ a souffert pour Sa Cause, et que nous pouvons nous aussi être appelés à souffrir, à notre niveau, dans notre travail, par motif de conscience, pour la cause de Christ.

Une chose est sûre. Dans cette épître, Pierre ne se fait pas l’apôtre de la lâcheté. Mais il nous appelle à développer un courage qui permette une action en conformité avec ce que nous pensons, une action où nous sommes prêts à prendre la responsabilité et à supporter les effets négatifs de nos convictions et de notre marche en toute bonne conscience devant Dieu. Il s’agit de s’en remettre à Dieu pour notre avenir. Et là encore, c’est l’exemple de Christ, qui s’est lui-même abandonné au Père et qui, en expirant, a remis son esprit entre ses mains.

3. Faisons tout en vue de plaire à notre maître céleste

Il va s’agir de décider que notre comportement ne sera pas déterminé par celui de nos maîtres humains. Quelles que soient leurs réactions, nous tenons à définir nous-mêmes notre comportement. Notre comportement n’aura pas non plus à être imposé par la majorité, mais par la conscience que nous voulons avoir et garder devant Dieu.
Une obéissance qui marche avec la confiance : la confiance que Dieu, dans sa grâce commune, tient entre ses mains : notre milieu professionnel, notre relation hiérarchique, nos relations avec nos collègues. Et aussi une obéissance confiance en Dieu, qu’il est lui l’ultime souverain, et finalement, notre unique spectateur. Et que même si on tient tête au maître ; après le maître, il y a le maître souverain. Avec cette promesse dans les Proverbes (21.1) : « Le cœur du roi est un courant d’eau dans la main de l’Éternel ; Il l’incline partout où il veut. »

Conclusion

On voit donc que la liberté chrétienne, c’est une liberté d’attitude qui imprime une direction. Et cette direction, ce n’est pas celle du conformisme, ce n’est pas celle où l’on va suivre le troupeau. Au contraire c’est cette direction même qui va introduire la possibilité de devoir désobéir. Nous sommes appelés à pratiquer la nage à contre-courant, même sur le terrain professionnel, si cela est nécessaire. Et cette liberté chrétienne ne sera pas non plus une liberté molle, mais c’est une liberté qui doit être prête à payer le prix de sa conviction, à payer le prix de son exercice…
Dans notre témoignage professionnel, nous ne sommes pas responsable des effets de notre liberté, mais nous sommes responsables de son exercice. Soyons pleinement nous-même face à nos employeurs, face à nos collègues. Exerçons notre personnalité, exerçons notre liberté. Assumons nos convictions. C’est ce à quoi ce texte nous encourage. Cela ne voudra pas dire que l’on fera l’unanimité, cela ne voudra pas dire que l’on sera compris, ni que l’on sera toujours accepté. Mais dans l’amabilité et le respect, avec patience, en étant ferme et en persévérant, c’est finalement cette attitude qui va être une semence du Royaume de Dieu sur notre terrain professionnel, et cette semence, Dieu prendra le soin de la faire croître.

Olivier Barrucand, édité par Aurélien Bloch

Cet article a été écrit par Aurélien

Aurélien est évangéliste-formateur. Il est membre de l'équipe de la plateforme TousTémoins.com

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